Faut-il renverser la table ? Dans ces jours où les Parlementaires peinent à voter le budget de la Nation, le gouvernement s’oriente vers plus de pression fiscale plutôt que de réduire le train de vie de l’Etat. Quelle acharnement et quel manque de vision, alors que le bilan économique des sept années écoulées n’est pas si abominable que l’on prétend.
La santé économique de la nation se construit avec les entreprises.
Depuis sept ans, la politique du gouvernement en faveur des entreprises a joué un rôle crucial pour la lutte contre le chômage et la stimulation de la croissance économique. En soutenant les entreprises, les gouvernements successifs et Bercy, sous l’impulsion de Bruno Le Maire, ont créé un environnement propice à l’investissement et à l’innovation.
Les entreprises sont la force motrice de l’économie, l’emploi dépend de la restauration de leurs marges.
La restauration des marges par une fiscalité adoucie pour les entreprises et le capital
Le taux de l’IS a été ramené de 33 % à 25 %. La surtaxe exceptionnelle a été supprimée (16,3 milliards € rendus). Les impôts de production ont diminué de 11,1 milliards €). Ce sont plus de 28 milliards d’euros de prélèvements qui ont été rendus aux entreprises entre 2017 et 2024. Des niches fiscales comme le crédit d’impôt recherche ont été maintenues.
La réforme de la fiscalité du capital s’est traduite par trois modifications majeures : la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), transformé en impôt sur la fortune immobilière (IFI), la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou « flat tax » de 30 % sur les revenus du capital et enfin la baisse progressive du taux d’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %.
La Prime de Partage de la Valeur a permis aux entreprises d’améliorer le pouvoir d’achat de leurs salariés avec jusqu’à 3.000 € d’exonération de charges (6.000 € lorsqu’un dispositif d’intéressement ou de participation volontaire est mis en place). En 2023, 519.000 établissements privés ont distribué un montant moyen de prime de 885 € à plus de 5 millions de salariés.
La compétitivité de la France portée à un haut niveau
En encourageant l’innovation et la compétitivité des entreprises, les précédents gouvernements ont favorisé la croissance à long terme de l’économie.
Depuis 5 ans, la France est classée comme l’économie la plus attractive d’Europe pour les entreprises (Forbes) et le premier pays pour l’investissement étranger en Europe (EY).
Avec le programme France 2030, la réindustrialisation de la France progresse. Nous comptons à fin 2023, 16.520 usines de plus de 20 salariés, 500 de plus qu’en 2016. Et notre industrie se positionne sur des secteurs d’avenir avec la construction de 4 usines de batteries électriques.
L’emploi, un succès depuis 7 ans
L’emploi est le grand gagnant du bilan de sept années de macronie. En 2021, après pandémie, à 7,4 %, le taux de chômage atteignait son plus bas niveau depuis 2008. Idem pour les seniors. Au 1er trimestre 2024, le taux de chômage est maintenu stable à 7,4 %. Qui se souvient du 2eme trimestre 2020, un taux de chômage à 9,1 % ?
Alors, évidemment, cela s’est fait au prix de réformes, la loi travail, la réforme de l’assurance chômage, la réforme de la VAE, la loi “Avenir Professionnel “.
Le soutien de l’avenir professionnel des jeunes
Plus d’un million de contrats d’apprentissage étaient en cours au 31 décembre 2023. Chez les 15-24 ans, avec la réforme de l’apprentissage, le taux d’activité a atteint son pic à 73,3% au 4e trimestre 2021.
Ce constat favorable est le résultat de plusieurs politiques impulsées par Emmanuel Macron. La prolongation de l’aide unique à l’embauche d’apprentis, fin novembre, a confirmé le souhait du gouvernement de conserver le cap symbolique d’un million d’apprentis par an, d’ici la fin du quinquennat
Le rapport d’évaluation de France Stratégie sur le dispositif « 1 jeune, 1 solution », lancé en 2020, est éloquent.
Pouvoir d’achat, la faute
Bien sûr, les réussites n’effacent pas les échecs. Dans l’euphorie de l’amélioration du taux d’emploi, les pouvoirs publics ont omis de garder l’œil sur le pouvoir d’achat. Pourtant, depuis la crise des gilets jaunes, nombre d’indicateurs auraient dû les alerter.
Après la pandémie du COVID et surtout la crise en Ukraine, l’inflation record de 5,2 % a conduit à faire du pouvoir d’achat le principal sujet de préoccupation des Français. Au 1er trimestre 2023 les salaires réels des Français ont diminué de 1,8 %.
A la décharge du gouvernement, la hausse des salaires ne se décrète pas. La politique conservatrice de la BCE a poussé les taux d’intérêt à la hausse à un rythme inédit. Les hausses rapides et successives ont enchéri l’investissement, entraînant une chute d’activité, le frein sur les salaires et le retour à une inflation “normale “. Dans le même temps, il aurait fallu doser avec de la relance budgétaire. Les Américains savent gérer ces dosages, c’est moins le cas en Europe.
Le logement, le mal aimé
Depuis 7 ans le logement est le mal-aimé des gouvernements successifs. Depuis juillet 2022, une crise sans précédent frappe tous les secteurs liés à l’immobilier et au logement. Les syndicats professionnels, les unions de propriétaires, les promoteurs, les notaires, le CNH, le Sénat, ont proposé des solutions.
Les prix immobiliers ont atteint des sommets, l’erreur étant de penser que la hausse des taux hypothécaires joue mécaniquement sur la baisse des prix. Les prix résistent dans le neuf parce qu’il y a des coûts et des marges en dessous desquels le promoteur ne peut aller. Et dans l’existant, les propriétaires n’entendent pas brader, sauf cas de force majeure, divorce, succession, mutation…
Ainsi, les acquéreurs ont perdu 42 m2 en pouvoir d’achat en moyenne entre 2019 et 2022, C’est énorme. “Toutes les villes françaises enregistrent une chute du pouvoir d’achat immobilier. A Angers, la baisse est conséquente : en 2019, des acquéreurs pouvaient s’acheter un 94 m2, avec le même budget aujourd’hui, ils ne peuvent s’offrir qu’un 52 m2. Soit une perte de 42 m2.” (Source Ouest France).
À contretemps, les conditions d’accès au crédit ont été alourdies, les avantages du Pinel supprimés, les réglementations ineptes mises en application.
En définitive, faut-il renverser la table économique ?
Renverser la table ? En politique c’est un moyen de remettre en question les systèmes établis. Mais cela comporte un risque de chaos et d’instabilité, rendant nécessaire une réflexion approfondie avant d’agir
Il est aujourd’hui essentiel de continuer à promouvoir des politiques qui favorisent l’entrepreneuriat et l’innovation en vue de garantir un avenir prospère pour notre société. Ce n’est pas en renversant la table que l’on construira un meilleur avenir.
André Perrissel
Institut Janus